Les débuts sur scène

Vingt mois plus tard, Baudouin, son mentor, la fait se produire dans divers salons parisiens, chez Madame Ménard Dorian, chez la comtesse de Grefhule, chez Alphonse Daudet, où elle reocntre Massenet, et chez Georges Charpentier, l'éditeur d'Emile Zola. C'est là qu'elle fait la connaissance d'Alfred Bruneau, le compositeur du Rêve et ami de Zola.
Alfred Bruneau
Marie Delna en Didon
Quelques temps après la soirée chez Charpentier, qui réunissait les Bruneau, Emile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt et Eugène Fasquelle, Léon Carvalho, directeur de l'Opéra-Comique, auditionne Marie Delna et l'engage sur le champ. Peu après, il lui donne sa chance dans le rôle de Didon des Troyens à Carthage d'Hector Berlioz. Elle venait à peine d'entamer l'air "Cher Tyriens" au premier acte que s'élevèrent de toutes parts d'unanimes acclamations qui, pendant un long moment, contraignirent l'orchestre à s'arrêter ... C'est que jamais voix plus rare, plus homogène et pkus étendu, d'un timbre plus riche et plus coloré, jamais déclamation plus noble et plus pure ne s'étaient fait entendre. Une minute venait de suffire pour consacrer la gloire d'une enfant de dix-sept ans."
La suite de sa carrière va confirmer ce début triomphal. Après Didon, elle enchaîne trois créations : le rôle de Charlotte dans Werther de Massenet, celui de Marcelline dans l'Attaque du moulin de Bruneau et celui de Miss Quickly dans Falstaff de Verdi.
Marie Delna en Charlotte
Marie Delna en Marcelline
Le rôle de Marcelline avait été écrit pour elle. Dans la nouvelle éponyme, ce personnage n'existe pas. Zola l'a introduit pour lui faire tenir le rôle du coryphée des tragédies antiques. Alors que dans les opéras traditionnels, le rôle principal est dévolu soit au ténor, soit à la jeune première, en général un soprane, en tout cas un personnage qui participe à l'action, dans l'Attaque du moulin, le rôle principal est confié à un contralte qui commente celle-ci sans y participer.
C'est pour elle que Benjamin Godard écrira sa dernière oeuvre : La Vivandière. Ce personnage de Marion, la vivandière au grand coeur, lui tiendra presque lieu de seconde identité. Elle va rester à l'Opéra-Comique jusque fin 1896 et y chanter Orphée de Gluck et Zerline, du Don Juan de Mozart.
Marie Delna en Marion