Messidor et la presse

La Gazette Ariégeoise, 21 août 2009

La Dépêche du Midi, 20 septembre 2009

Carla-Bayle. L'Opéra Messidor de Zola les 25 et 26 septembre

Emile Zola, auteur de l'iopéra en 4 actes Messidor. Photo DDM,Dans le cadre des échanges transfrontaliers qui s'instaurent, au fil des mois, entre les vallées de la Lèze et de l'Arize et Barbastro, en Aragon, un événement majeur va avoir lieu les 25 et 26 septembre prochains. Ce n'est ni plus ni moins qu'un opéra d'Emile Zola, Messidor, qui sera donné, gratuitement, dans l'amphithéâtre du Cruzet, tout dernièrement construit. De ce programme vaste, qui s'étale sur presque trois années, se dégagent deux forces directrices qui sont l'excellence et l'ouverture en raison de l'association des populations locales, porteuses, elles aussi, du projet. Messidor, sous titré L'or de l'Ariège, est un opéra en 4 actes, écrit par Emile Zola donc et mis en musique par son ami et collaborateur, Alfred Bruneau, qui fut donné, pour la première fois à l'opéra de Paris, le 19 février 1897. Zola y décrit les conditions de vie difficiles de paysans ariégeois, notamment de Guillaume et de sa mère, Véronique, qui s'échinent pour de maigres subsides, luttant contre Gaspard qui capte toute l'eau afin d'alimenter son usine, extrayant l'or de la rivière. On y retrouve les thèmes chers à Zola, largement développés, notamment, dans les Rougon Macquart, tel que l'amour, socle de tout bon opéra, mais aussi la lutte des classes, celle des petits luttant contre les grands, intransigeants. Il fallait aussi, Carla Bayle oblige, que souffle, quelque part, l'esprit humaniste de Pierre Bayle et les principaux adaptateurs de cet opéra, Ruben Velazquez et Philippe Lanjard n'y ont pas dérogé en associant des professionnels de grand talent, comme les chanteurs qui se produiront avec des chorales d'amateurs, Artigat, le Carla Bayle, Voix du Monde, Le Mas d'Azil, Saverdun et Carcassonne. En substance, outre la gratuité du spectacle, cet événement permettra aussi, tout en levant le voile sur un pan de l'histoire de l'Ariège, de procurer la possibilité, à ceux qui le souhaitent, d'assister, peut être pour la première fois, à un opéra, en direct. D'autant que e site carlanais, en l'occurrence l'amphithéâtre du Cruzet, s'y prête à merveille. Les places donc, forcément, seront limitées il est nécessaire de réserver les pour le 26 septembre, soirée spécialement réservée au public. Une belle soirée en perspective, ne serait-ce que pour découvrir l'opéra et ses arcanes, ainsi qu'une des facettes méconnues d'Émile Zola.

La Dépêche du Midi, 22 septembre 2009

Une Japonaise au village

On soupçonne rarement les retombées que peut avoir l'organisation d'une manifestation, si ce n'est quand la qualité est au rendez-vous. Pour preuve, cette anecdote qui vient de se dérouler à Sainte-Suzanne. Par quels cheminements, depuis Le Carla-Bayle, l'annonce de l'opéra « Messidor » est-elle parvenue jusqu'au Japon ? Toujours est-il que Danièle et Gérard Mercereau, qui tiennent deux chambres d'hôtes (et bientôt trois), depuis le 15 août, à Sainte-Suzanne, ont eu la surprise d'avoir une réservation venant du pays du Soleil-Levant. Dans le cadre de cette soirée exceptionnelle, ils auront le privilège de recevoir Mme Kyoko Watanabé, grande spécialiste de l'œuvre d'Emile Zola et membre éminent du Cercle japonais zolien, qui effectue le déplacement tout spécialement. Peut-être aussi est-ce leur maison, chargée d'histoire, qui attire de tels visiteurs. Ancien bar et dancing dans les années d'après-guerre (celle de 1914-1918), elle a accueilli, revenant d'un meeting toulousain de soutien à l'Espagne républicaine, en juillet 1937, Paul Vaillant-Couturier, Marcel Cachin, Maurice Thorez et Renée Dolorès. Comme quoi, quand l'excellence est au rendez-vous…

La Gazette Ariégeoise, 1er octobre 2009

Opéra au Carla-Bayle : grandiose Messidor !

Le Carla Bayle a atteint l’excellence, le week-end dernier, avec la présentation de Messidor, l’opéra d’Emile Zola, joué dans la patrie de l’humaniste Pierre Bayle, pour deux représentations, de gala pourrait-on dire. Dans le superbe cadre, nouvellement créé, presque pour l’occasion, du théâtre de plein air du Cruzet, pas une chaise n’est demeurée vide pour suivre les aventures de ces Ariégeois du 19ème siècle, arcboutés sur leurs terres ingrates, luttant de surcroît contre la puissance industrielle d’un de leurs riches voisins, chevalier d’industries les privant d’eau pour étancher sa soif d’or. On retrouve là les thèmes chers à Zola, son naturalisme galopant et ses combats pour une égalité plus grande ou, pour le moins, un partage plus équitable des richesses. Etranges sujets contemporains, à l’actualité toujours brûlante … Le Carla Bayle avait donc revêtu ses habits de fête et la qualité, pour ne pas tomber plus avant dans les superlatifs, était vraiment au rendez-vous tant acteurs, chanteurs, musiciens, artistes en général, professionnels et amateurs éclairés ont offert au public, venu en masse (plus de 300 personnes par soir), un spectacle d’une haute tenue. C’était là un pari osé et même plus que cela, que de proposer un opéra à un public de néophytes. Mais le greffon a visiblement bien pris, permettant à beaucoup, grâce aussi à la gratuité, d’aborder ce genre théâtral pour la première fois. Ne serait-ce qu’à ce niveau, on ne peut que se féliciter de cette notion de culture amenée à domicile, qui invite au voyage sans trop se déplacer tout en permettant de revivre la rudesse des vies de certains de nos ancêtres. C’était aussi l’occasion de s’approprier certes notre histoire, sous la plume d’un de nos grands écrivains mais aussi le vaste programme de ces échanges transfrontaliers avec Barbatro. En le démocratisant ainsi, Messidor n’a pas rempli là sa plus mince mission.

La Dépêche du Midi, 12 octobre 2009

L'opéra « Messidor », d'Emile Zola : un pari osé réussi

Au départ, quand l'idée a germé, il y a presque vingt-cinq ans d'ailleurs, le projet semblait fou. Mais dans le cadre des échanges transfrontaliers avec Barbastro, « Messidor » a vu enfin le jour pour deux représentations. Rien n'a, en fait, été négligé. Au départ, il y a le site, ce petit village du Carla-Bayle, perché sur son éperon rocheux, baignant un soir de septembre dans le ciel irisé par un magnifique soleil couchant. Il y a ensuite le tout nouveau théâtre du Cruzet, en plein air, adossé à la muraille de roches et de briques permettant une acoustique peu commune et un endroit assez magique pour toute représentation. Il y a aussi le public, venu en masse les deux soirs, au point que pas une chaise n'était encore disponible ; un public curieux et attentif dont, pour beaucoup, c'était là l'opportunité de voir, de vivre, pour la première fois, un opéra en direct. Il y a également les artistes, tout à la fois acteurs et chanteurs, maîtrisant parfaitement un art difficile ; les choristes, qu'ils fussent professionnels ou amateurs éclairés ; les musiciens donnant ces soirs-là le meilleur d'eux-mêmes et de leurs instruments. Enfin, il y avait aussi l'histoire et l'auteur, Emile Zola, poursuivant, au travers d'un genre qu'il a visité sans que notre mémoire collective ne s'en souvienne forcément, sa quête inlassable de la nature humaine, de ses conflits d'intérêts, en un mot, de lutte des classes.

Hymne à la nature humaine

D'autant que l'on se laisse rapidement captiver par cette famille ariégeoise du XIXe siècle qui lutte, bec et ongles, pour survivre sur son lopin de terre face à la machine industrielle qui broie tout sur son passage, pour le profit, pour extraire l'or, symbole même de la richesse mais aussi de la folie dévastatrice qu'il peut engendrer. D'un genre peu usité, Le Carla-Bayle, patrie du philosophe humaniste, a fait en deux soirées un hymne à la nature humaine, servie par une excellence dont on se délecte. A venir en curieux à un spectacle, gratuit au demeurant, on tombe parfois sur une gemme à l'état pur : c'était le cas au Carla grâce aux talents conjugués de professionnels et d'amateurs.